Colloque

Programme du colloque « L’ancien chez les Anciens. Formes et fonctions antiques de la tradition », 16-17 novembre 2011, ENS de Lyon, site Descartes

Présentation du colloque

16 - 17 novembre 2011

La notion de tradition, sous des dehors familiers, est éminemment complexe : désignant communément tout autant le processus par lequel un objet abstrait ou concret est transmis que cet objet même, tangible, la traditio se décline comme ensemble de pratiques, conceptions héritées, corps de doctrines historiques, politiques ou religieuses… Innombrables sont les études qui, pour toute époque, dans tous les domaines, soulignent une permanence ou une rupture, révèlent des héritages passés jusque là inaperçus, posent la traditionnelle opposition de l’ancien et du moderne.

Il faut pourtant se garder de prendre toutes ces traditions, au pluriel, pour la tradition elle-même, en la dotant du même coup d’une existence objective qu’elle n’a pas. Elle n’est pas une simple légation, et ne se réduit pas à ses seules manifestations concrètes (rituels, coutumes, etc.). La tradition est bien plutôt une représentation construite, qui se compose au présent : il appartient à une génération de déterminer ce qui, pour elle, fait figure de tradition, ou de prendre position vis-à-vis de la tradition qu’elle reçoit comme un tout déjà constitué. Chacun est en effet tout à la fois auteur ou acteur de la tradition, témoin, destinataire ou héritier. Ce double rôle, actif et passif, dessine les potentialités idéologiques de la notion. Dès lors, interroger la tradition dans l’Antiquité, c’est avant tout interroger le discours, explicite ou implicite, des Anciens sur la tradition, quel qu’en soit le support - texte ou image. Comment les hommes de l’Antiquité pensent-ils, perçoivent-ils, utilisent-ils la tradition, ses motifs, ses objets, les modalités de sa transmission, les enjeux de sa circulation ?

Les problématiques des interventions , dès lors qu’elles s’inscrivent clairement dans cette perspective générale, s’articuleront autour de problématiques spécifiques dont la liste n’est pas limitée. Par exemple : par quels critères les Anciens déterminaient-ils le contenu objectif de la tradition ? Jouait-on une tradition contre une autre ? Ou : la tradition est-elle un tout systématiquement positif pour les Anciens ? Dans quelle mesure l’idée de tradition, connotée positivement ou négativement, s’accorde-t-elle au changement, à la rupture, à la nouveauté, voire à la création ? Ou bien : comment l’idée de tradition s’accommode-t-elle de l’espace ? Faire circuler la tradition, est-ce risquer de l’altérer ? Est-ce, au contraire, pour les Anciens, un outil d’unification des peuples, un instrument stratégique de propagande ? Ou bien encore : de quelles façons le contenu de la tradition est-il constamment modifié par l’acte même de la transmission ? Jusqu’à quel point les Anciens organisent-ils cette transformation du message ?
Enfin, la tradition est un discours ou une représentation, mais encore ce qui, concrètement et en pratique, se vit comme tel. Comment articuler alors ces deux aspects de la tradition chez les Anciens ? La tradition vécue est-elle en accord ou non avec les représentations que l’on en donne ? Dans quelle mesure les discours peuvent-ils influer sur certaines pratiques, amener à les renforcer, les corriger, ou les abandonner ? Autant de questions qui posent au fond le problème méthodologique de notre accès à la tradition vécue : à quelles conditions pouvons-nous jauger un écart entre discours et réalité ?


Télécharger le programme du colloque (PDF - 1 Mo)

Mercredi 16 novembre 2011

9h15 : Accueil des participants et du public
9h30 : Romain Loriol (Lyon III) : Présentation du laboratoire CiTrA.
Marie-Noëlle Ribas (ENS de Lyon) : « Introduction - La tradition dans l’antiquité : définition, enjeux, méthodes ».

« Un passé qui ne passe pas ? L’heureux fardeau de la tradition » Modérateur : Nadine Le Meur (ENS de Lyon)

10h00 : Catherine Psilakis (Lille III) : « L’argument du passé à Athènes dans les années 420 chez les Comiques et les Sophistes : témoin de l’élaboration de la tradition de la patrios politeia ? »
10h45 : pause
11h00 : Nathalie Lhostis (ENS de Lyon) : « Plaute et son rapport au mos maiorum »
11h45 : Nicholas Earl Banner (University of Exeter) : « L’idée de tradition dans la philosophie de Plotin »
12h30-14h30 : déjeuner

« La mémoire et les sens » Modérateur : Isabelle Boehm (Lyon II)

14h45 : Christophe Badel (Rennes II) : « L’invention de la nourriture des Anciens au début de l’Empire »
15h30 : Marie Formarier (Lyon III) : « Tradition et innovation dans la théorie rythmique du De Arte Metrica de Bède le Vénérable »
16h15 : pause
16h30 : Ludi Chazalon (Université de Nantes) : « Traditions stylistiques et manipulations visuelles : les enjeux de l’archaïsant chez les céramistes attiques du Ve siècle av. J.-C »

Jeudi 17 novembre 2011

9h00 : accueil des participants et du public

« Tradition et archaïsme : les lieux de mémoire » Modérateur : Jean-Pierre Guilhembet (ENS de Lyon)

9h15 : Alexandre Blaineau (Rennes II) : « La littérature technique des Grecs, entre tradition et innovation. L’exemple du Traité de l’équitation de Xénophon »
10h00 : Ludivine Pechoux (Lyon II) : « Lieux de culte, lieux de mémoire : l’appréhension du passé en Gaule romaine »
10h45 : pause
11h00 : Sophie Aubert (Grenoble III) : « Tradition et archaïsme dans la rhétorique »
11h45 : Pierre-Marie Morel (ENS de Lyon) : « Nobles vieillards et ancêtres glorieux dans la tradition épicurienne »

12h30-14h15 : Déjeuner

« Le passé pour exemple : élaborer une tradition, construire une identité » Modérateur : Bruno Bureau (Lyon III)

14h30 : Muriel Lafond (Lille III) : « Le grammaticus Servius et la traditio au service de la défense d’une époque révolue »
15h15 : Christian Stein (Université de Bourgogne) : « La construction de la tradition chrétienne : la persécution de Néron »
16h00 : pause

16h15 : Jérémy Delmulle (Paris IV) : « Quid ueteris ? La nouveauté de la tradition et l’ancienneté de l’innovation chez quelques controversistes chrétiens »
17h00 : Michèle Brunet (Lyon II) : Conclusions