Lire et écrire : le phénomène de transmission des textes dans l’Antiquité

jeudi 6 mai 2010

le 6 mai 2010
14h-17h30
F 101
Lieu(x) :
Site Descartes
Souvent considérée comme une civilisation orale, le monde gréco-romain a pourtant laissé une place de choix à l’écriture. Cette journée d’étude se donne pour objet d’étudier les activités de lecture et d’écriture afin de voir dans quelle mesure les modalités d’accès aux oeuvres et les modalités de lecture déterminent en retour un certain usage du texte dans le cadre de l’écriture. Il s’agit donc de réinterroger la notion d’intertextualité en partant des conditions matérielles de la lecture.

Avec les interventions de :
Emmanuelle Valette (Université de Paris VII) : « "Imitons les abeilles" De la lecture à l’ écriture : quelques remarques sur les pratiques romaines d’intertextualité. »
Sénèque dans les Lettres à Lucilius développe une image pour décrire sa conception de l’écriture et de la lecture « utile » : celle de l’abeille qui fabrique son miel à partir de diverses fleurs. Ce paradigme, d’origine grecque, est utilisé pour définir le rôle proprement romain de l’imitation et permet de comprendre l’aspect physiologique du travail de l’écrivain : le rôle attribué à la mémoire, mais aussi à la voix dans le processus d’assimilation, par celui qui écrit, des lectures qu’il a pu faire.
Le texte de Sénèque servira de point de départ à une réflexion plus large sur la manière dont à Rome les pratiques d’écriture sont étroitement liées aux pratiques de lecture, et dont les modes d’accès aux textes conditionnent le travail de l’écrivain.

Concetta Longobardi (Université de Naples Federico II) : « Lire et expliquer les auctores dans l’école tardive : les commentaires, Servius et les anthologies scolaires. »
Dans le contexte de l’école tardive, l’enseignement fondé sur l’exégèse des auctores donne naissance à des commentaires qui analysent, au niveau de la grammaire et du contenu, le texte considéré : ce sont des ouvres exégétiques de Virgile, mais aussi d’Horace, de Lucain, de Perse, de Stace ou encore de Juvénal. Des liens croisés entre ces commentaires sont évidents, par exemple à propos de questions mythologiques ou de citations. L’hypothèse est alors celle d’une circulation des anthologies dans le domaine scolaire, anthologies auxquelles les commentateurs se référaient. Le point de repère était de toute façon Servius, devenu livre scolaire, comme l’auteur qu’il commentait, Virgile.

Luciana Romeri (Université de Caen) : « L’usage des Anciens chez Athénée. Le cas du livre V »
L’énorme quantité de citations d’auteurs anciens qu’Athénée de Naucratis présente dans ses Deipnosophistes répond à une volonté de l’auteur de célébrer et de conserver un certain savoir grec en faisant en même temps interagir, entre eux, les textes cités. En ce sens, la citation chez Athénée s’intègre dans le texte comme un élément à part entière du discours de l’auteur. Ainsi, dans les polémiques anti-platoniciennes qu’Athénée met en scène notamment dans le livre V, pour mieux critiquer Platon pour ses erreurs et falsifications, Athénée invoque volontiers les témoignages d’historiens grecs.

Gwénaëlle Biet (ENS de Lyon) : « La place de l’intertextualité dans la philosophie d’Alexandre d’Aphrodise. »
Alexandre d’Aphrodise est, le plus souvent, connu en tant que commentateur d’Aristote ; or il n’en est pas moins philosophe à part entière qui cherche à présenter une doctrine originale, quoique en lien étroit avec l’aristotélisme et le stoïcisme. Quels sont les enjeux et la place de l’intertextualité dans sa philosophie ? Il s’agit de nous pencher sur le De Anima d’Alexandre d’Aphrodise, et plus précisément sur problème de la théorie de la représentation. Comment Alexandre relit-il à la lumière stoïcienne les écrits aristotéliciens sur la représentation et comment transmet-il et modifie-t-il la tradition aristotélicienne ?

Le compte rendu de la séance est disponible.