Le « labo junior » : nature(s) et fonction(s)

Les propos ci-dessous ne sont qu’un retour d’expérience, partagé à titre d’exemple pour encourager la diffusion de ce type de structures.

Les informations officielles sont à consulter sur les sites institutionnels des différents organismes émettant des appels à projets – tels que :
- http://www.ens-lyon.eu/recherche/les-laboratoires-juniors-154772.kjsp?RH=ENS-LYON-FR-LABO
- https://www.sciencespo-lyon.fr/actualite/appel-projets-labo-junior
- http://www.univ-lyon3.fr/fr/recherche/appui-a-la-recherche/financement/ (renvoie vers l’intranet, volet "projets juniors")

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Un laboratoire junior est une petite structure d’initiation à la recherche. Comme cette mission est à l’intersection de la formation et de la recherche, ces structures dépendent directement des établissements (ou de groupes d’établissements) de l’enseignement supérieur qui les financent et les évaluent sur le plan scientifique.

Ces structures sont temporaires (2 ans renouvelables deux fois 1 an), dotées d’un petit financement (environ 2000 euros). Ils sont portés par des doctorants et ouverts à tous (les masterants mais aussi des personnes qui ne sont pas étudiantes). Ils sont créés sur appel à projets par différents établissements : les ENS, traditionnellement, mais aussi certaines communautés d’établissements (CHELs, Université de Lyon), et il paraît d’ailleurs que Michel Maffesoli en a créé un à la Sorbonne en 1982. Le fonctionnement des labos « juniors » n’est pas exactement le miroir du fonctionnement des labos « seniors » (ce qui fait que le nom « laboratoire » est abusif et un peu trompeur) : ils ne sont pas évalués par l’HCERES, ils ne sont pas reconnus par le CNRS – par contre comme toute association étudiante, ils doivent rendre un bilan financier et moral (en l’occurrence scientifique) à leur financeur au terme de leur exercice. Ils n’ont aucun poste à offrir ; comme il n’y a pas de titulaire, on ne peut pas y faire sa thèse. Cela signifie que toutes les activités y sont faites en « extra » : chacun participe « à côté » de ses propres recherches, de son travail. Ce n’est pas seulement une question de temps, mais aussi une question de principe : parmi les rares conditions imposées aux labos juniors, la plus importante est que la thématique du projet ne corresponde au sujet de recherche de personne dans le groupe. Il s’agit bien sûr d’éviter qu’un doctorant sous-traite ses recherches en faisant faire des manipulations aux masterants. Pour la même raison, les labos junior ne doivent pas être affiliés à un labo senior (qui s’en servirait comme d’une extension budgétaire) ; ils dépendent directement de l’établissement ou de la communauté d’établissements. Dans la majorité des appels à projets de labo junior (sinon dans tous), le caractère interdisciplinaire du projet est très fortement « encouragé » – ce qui bien sûr, en contexte de rivalité, signifie « exigé ». Par contre, la finalité, le cahier des charges (les critères d’évaluation) du projet et sa méthode sont très libres – ce qui fait que les labos juniors sont assez variés : il y en a qui s’engagent dans des processus de création (lire de la poésie, écrire un programme informatique), d’autres font vivre une revue spécialisée, d’autres encore se consacrent à la médiation scientifique, certains fonctionnent à la manière d’un séminaire doctoral, d’autres invitent conférencier sur conférencier. Sanctionnée par un CS lui-même interdisciplinaire, la dimension « recherche » distingue le labo junior d’une simple association étudiante, mais la forme de cette recherche – et a fortiori sa nature de recherche « scientifique » – doivent être définies de façon spécifique lors de la rédaction du projet et tout au long de la vie du labo.

https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00671217