Une défense de la valeur fondamentale, Thomas Delcey (CES, Sorbonne). Séance de séminaire du 7 février 2019.

7 février 2019, 16h-18h, à l’ENS de Lyon, site Descartes, salle D8.007

Cet article analyse le concept de valeur fondamentale utilisée dans l’économie financière moderne. La valeur fondamentale est une représentation théorique de ce que devrait être le prix d’un actif et permet de caractériser des phénomènes de surévaluation du prix des actifs, appelés communément les bulles financières. Plusieurs écoles ont critiqué la possibilité d’une distinction entre une valeur a priori objectivable et le prix des actifs. Parmi elles, l’école des conventions pointe notamment qu’il ne peut exister de valeur objective des actifs car la valorisation est un processus conventionnel intrinsèquement subjectif. Cette critique conduit à l’abandon du concept de valeur fondamentale et donc à l’abandon d’une critique centrale des marchés financiers, celle de la sur ou sous valorisation des actifs. La valeur fondamentale est interprétée comme un indicateur. Un indicateur est un processus subjectif d’objectivation, c’est à dire ici, une construction subjective ex ante, et dont l’utilisation produit l’objectivité. La légitimité d’un indicateur ne peut donc s’évaluer que dans une perspective instrumentale, par la capacité de l’indicateur à agir sur le monde social. Cette conception de l’indicateur permet ainsi de (1) reconnaitre le caractère arbitraire et sociale de toute valeur fondamentale que pointe déjà la finance conventionnaliste. Elle permet aussi (2) de préserver le concept de valeur fondamentale pour tenir un discours normatif sur le fonctionnement des marchés financiers.